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Comprendre l'addiction au porno - #3 : seul ou avec de l'aide, en sortir est possible


3e et dernière partie de l'article.


S’en sortir, c’est possible…


Bien entendu, il est tout à fait possible de se libérer de la porno-dépendance. Soutenir cette affirmation, même si elle semble évidente, n’a rien de superflu : les personnes enlisées dans l’addiction ont besoin de réentendre cette bonne nouvelle propre à les motiver !


Mais initier un changement de comportement et persévérer jusqu’à la guérison complète reste long et pénible. L’addiction au porno actionne exactement les mêmes mécanismes neurobiologiques que n’importe quelle dépendance à une substance. Le comportement compulsif a pour origine – et pour conséquence - le dérèglement du système de la récompense dans le cerveau.


Recherché à l’origine pour anesthésier un mal-être ou fuir des émotions désagréables, le plaisir devient peu à peu une drogue consommée pour elle-même. C’est la loi du cercle vicieux. On considère qu’une abstinence de trois mois est nécessaire pour permettre au cerveau de se rééquilibrer sur le plan neuronal après un incident addictif.



Tenir compte de cette aspect physiologique comporte un intérêt : déculpabiliser – mais pas déresponsabiliser - les porno-addicts, et dédramatiser les dérapages. En effet, l’addiction rend la volonté pratiquement inopérante. Le premier levier à actionner pour s’en sortir est la motivation : quelles sont les bonnes raisons pour moi de changer ?



… et se faire aider, c'est recommandé


Pour parvenir à se libérer d’une dépendance à la pornographie, on a compris qu’il est fortement souhaitable de se faire aider.


Certes, de nombreux témoignages font état de « guérisons » sans intervention externe. Même sans douter de leur véracité ni de leur sincérité, ces retours posent question. Les personnes concernées étaient-elles vraiment dépendantes stricto sensu, ou bien juste un peu « accros » ? Dans quelles ressources personnelles hors du commun ont-elles puisé pour se sortir par elles-mêmes de l’embarras ? Comment imaginer qu’elles aient pu tomber dans la dépendance si elles ont disposé précisément des compétences nécessaires pour se libérer de cette pathologie ?


Ces données soulèvent la question des facteurs prédisposants d’une addiction. Certaines personnes se révèlent naturellement plus vulnérables en raison de leur caractéristiques génétiques : leur cerveau est tout simplement moins résistant. L’histoire personnelle joue aussi un rôle important : lien d’attachement insécure, expériences traumatiques, exposition précoce ou représentation négative de la sexualité pendant l’enfance sont autant de handicaps potentiels.


Apparue sur un terrain favorable, l’addiction va donc accroître la fragilité de sa victime. L’enjeu de la guérison sera d’acquérir les compétences manquantes pour mettre fin au comportement : gérer ses émotions, prendre de la distance avec ses pensées encombrantes, éviter les situations pièges, etc. Ce travail est plus facile à mener avec une aide extérieure, si possible compétente.




Passer du virtuel au réel


L’accompagnant (un proche, un coach, un thérapeute…) détient un rôle clé : prendre le pouls de la motivation. Il doit se tenir dans une posture bienveillante faite d’écoute empathique, de soutien non-intrusif et bien sûr de non-jugement. Enfermé dans la honte et la culpabilité, convaincu d’être seul au monde dans son cas, le porno-addict a besoin de ce vis-à-vis en chair et en os pour s’arracher à ses consommations de sexe par écran interposé.


À vouloir se libérer tout seul, le porno-dépendant court un risque majeur : s’illusionner sur ses propres capacités. Et passer de longs mois, de longues années, voire des décennies, à se débattre dans la solitude, comme certains témoignages d’addicts en font état. Pour finalement comprendre et reconnaître son impuissance. Que de temps et d’énergie vitale évaporés !


Dans une addiction, le premier stade vers la liberté est la sortie du déni (« Moi, j’aurais un problème ? Mais pas du tout ! »). C’est une étape très difficile à passer. Grâce à l’altérité de l’accompagnant, le porno-dépendant va pouvoir faire face à son déni et le dépasser.


Recourir à un soutien extérieur, finalement, équivaut à accepter de basculer d’une relation fusionnelle mais destructrice – le comportement addictif - à une dépendance relationnelle bienfaisante. Sans les autres, c’est toujours l’enfer. Quant au porno, jusqu’à preuve du contraire, ça ne sera jamais le paradis.



Voir la 1ère partie de l'article

Voir la 2e partie de l'article

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