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Gérer ses émotions pour sortir du porno et de la masturbation compulsive - #1 : la honte


Apprendre à gérer ses émotions est indispensable pour sortir d’une addiction au porno et à la masturbation et pour traverser sereinement la période de sevrage.


À cela trois raisons :

  • Le plaisir addictif a servi de régulateur émotionnel et il faut à présent se passer de cette béquille pour redevenir autonome. Bonne nouvelle : chacun de nous a en lui les ressources nécessaires pour gérer ses émotions ! Avec de l'entraînement, c'est possible.

  • Comme tout processus de deuil, le sevrage fait traverser différentes étapes émotionnelles qui sont autant de passages obligés : la peur, la révolte, la tristesse, la déprime, etc.

  • L’arrêt du comportement compulsif provoque forcément un effet de manque, plus ou moins important selon les personnes. Celui-ci peut entraîner de l’irritabilité.


Voici donc quelques conseils pour tirer parti de ces émotions au lieu de les subir, pour les mettre au service du changement recherché.

Dans cet article : la honte, l'émotion qui appelle à devenir soi.


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Miss addiction


« C’est vraiment trop la honte… » La honte : voilà une émotion qui se situe vraiment au cœur du mécanisme addictif, à la fois comme cause et comme conséquence... Si bien qu'elle mériterait le titre de « Miss Addiction ». Reconnaître et apprivoiser cette honte est une priorité pour reconquérir la confiance en soi et l’estime de soi.


Mélange de peur, de tristesse, et dans une moindre mesure de colère, la honte est ressentie dans une grande diversité de situations :

  • Sentiment de ne pas être capable de faire face ou de ne pas avoir de valeur, surtout dans un domaine qui paraît important ;

  • Perte de contrôle de soi ;

  • Transgression ou non-atteinte de normes - en particulier dans le domaine de la sexualité ;

  • Dévoilement d’une partie privée, intime de soi ;

  • Moquerie, critique publique ;

  • Attaque de l’intégrité, trahison par un proche, rejet par des personnes proches ;

  • Ressenti d’émotions que les autres ne valident pas ;

  • Après avoir commis des actes immoraux ou quand on croit être dans le mensonge, la fausseté.

A travers ces exemples, on voit bien que la honte ne peut se comprendre que dans une logique sociale, en tenant compte du regard des autres. On devine aussi combien l'addiction à la pornographie (ou d'autres comportements sexuels compulsifs) peut venir se greffer sur cette honte, la renforcer.


Le besoin qui lui est associé englobe la considération, l’acceptation par les autres, l’expression d’une parole sans subir censure et jugement.


La personne honteuse ne sait pas qui elle est...

Plus profondément, la honte trouve son origine dans un manque : d’identité, de motivation, de désir d’aller au-devant de la vie. La personne honteuse ne sait pas qui elle est, ne sait pas ce qu'elle veut devenir.


Sur le plan physique, la honte se manifeste par des sensations de contraction de l’organisme, et entraîne un mouvement général d’effondrement : abaissement de la tête et des yeux, courbure du dos. Ce ressenti s’accompagne d’une envie de disparaître, de se cacher, d’éviter les personnes. La honte pousse aussi à se remettre en question et à douter de soi.


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Les pensées associées à la honte sont caractéristiques : « je suis nul, je ne suis pas à la hauteur, je suis bête, je ne suis pas assez bien ». Ou encore « je me sens jugé », qui exprime le poids du regard des autres, la peur de la critique. En revanche, il est plus rare d’entendre des expressions verbales explicites telles que « j’ai honte ».


Les recherches scientifiques ont montré que la honte peut avoir des conséquences sur le plan cognitif : en provoquant une diminution du taux de cortisol et une augmentation du taux de dopamine, elle entraîne une détérioration de la capacité de mémorisation.



Un héritage de l’enfance


D’où vient cette honte ?


Blessure narcissique, elle trouve souvent ses racines dans l’enfance et remonte à la période de découverte de l’action. Les parents ou les personnes très proches ont généralement une responsabilité dans son apparition : manque d’encouragement, de valorisation, de reconnaissance, paroles blessantes ou moqueuses, injonctions à l’immobilité et à la soumission pour ne pas déranger les adultes, etc.


On n'ose pas...

Dans la tête de l’enfant, la honte est associée à un double sentiment de manque : de capacité, d’assertivité - c'est-à-dire d'affirmation de soi. Elle devient progressivement comme un réflexe : on n’ose pas suffisamment bien que la découverte soit le propre de cette période de la vie. Un schéma stéréotypé s’installe alors : je ne me sens pas capable donc j’ai honte ; la honte tapie en moi me tétanise et je préfère ne pas agir pour éviter de m’y confronter à nouveau et de subir un échec ou un refus ; et quand finalement je dois aller vers l’action, j’ai honte parce que j’ai mal fait ou de manière trop réactive, machinale (comme dans l’addiction). Le cercle vicieux s’est imprimé dans le cerveau. La honte va entraver l’apprentissage et la recherche de nouveauté.


À l’âge adulte, ce phénomène perdurera : les situations nouvelles et toutes les formes d’inconnu, notamment relationnelles, sont évitées pour ne pas se confronter à la honte. Y compris quand cela pourrait pourtant faire un peu de bien...


La honte peut aussi provenir d’un abus subi dans l’enfance : honte de ne pas avoir su réagir comme il fallait, de s’être laissé faire, d’avoir ressentir du plaisir alors que la tête s’y refusait, etc. Ce traumatisme installe alors un profond sentiment d’impureté, de dégoût de soi.



Coupé de tout : soi-même, les autres, l’action


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Dans l’addiction à la pornographie ou à la masturbation, la honte se caractérise par deux processus destructeurs :

  • L’évitement qui casse tout élan et sape le goût de l’action. On fuit dans le plaisir compulsif au lieu de faire face à ses difficultés. La honte sape la confiance en soi et le contournement des compulsions représente un vrai défi.

  • Le repli sur soi qui coupe des relations (à commencer par la relation avec soi-même).

Il y a dans la honte quelque chose de l’ordre de la castration (si quelque chose est coupé, ce sont au minimum les ailes pour prendre son envol dans la vie…).


Il y a dans la honte quelque chose de l’ordre de la castration...

On sait que la jouissance sexuelle constitue un puissant anesthésiant émotionnel (même si ce n'est pas sa fonction initialement...) : voilà sans doute pourquoi elle est recherchée – inconsciemment - pour fuir la douleur de la honte. De plus, parce qu'il est pratiqué de manière anonyme, le sexe virtuel permet d’éviter la peur de la rencontre avec autrui.



Fais de ta honte une alliée !


Tu as de la honte ? Et alors !


Comme toutes les émotions, la honte est normale. Niée, refoulée - qui plus est depuis longtemps - elle fait mal. Mais tu peux l’apprivoiser. En faisant de la honte une alliée, tu peux te débarrasser de la pornographie, de la masturbation compulsive.


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  • Commence par l'accepter et la reconnaître physiquement. Regarde-la en face, et accueille-la dans ton corps au lieu de faire comme si elle n’était pas là.

  • Dis-toi que personne ne te juge. Qui est bien placé pour le faire ?

  • Prends conscience du message important que la honte te transmet : « J’ai besoin de me se sentir capable, d’avoir de la valeur » !

  • Demande-toi si tu veux répondre à ce message. Qu’es-tu prêt à faire pour satisfaire tes vrais besoins ? Acceptes-tu de te mobiliser pour exister, pour accéder à toi-même, et pour prendre ta place ?

  • Mets-toi en colère, tape du poing sur la table : n’aie plus honte de tout, à commencer par toi-même : il est bon que tu sois là !

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