Edgar, 33 ans, vit dans le centre de la France. J'ai eu la joie de l'accompagner pendant 5 mois, de janvier à mai 2021. Il était addict à la masturbation et à la pornographie depuis son adolescence.

Au début de mon adolescence, la masturbation est très vite devenue un rituel quotidien : comme un drogué, j’avais besoin de ma dose pour m’endormir, évacuer une frustration, ou tout simplement me récompenser après une bonne journée. Je me donnais bonne conscience en me répétant que cela ne faisait de mal à personne. Parfois, je tombais sur une illustration érotique dans un magazine ou un livre. J’enregistrais ces images dans ma tête puis je les faisais tourner en boucle. Ce petit manège alimentait une quête de « toujours plus ».
À cette époque, je ne prenais pas au sérieux les discours des adultes rappelant l’importance d’apprendre à se contrôler bien que ce soit exigeant. Cela me paraissait totalement impossible, archaïque et sans fondement. Mon avis était d’ailleurs conforté par celui de mes camarades qui rigolaient comme moi dans le dos des adultes.
Je me comportais comme un drogué
Encore adolescent, j’ai connu l’accès facile à Internet. Les choses se sont alors accélérées. Très vite, je suis passé de simples images de lingerie à des photos puis des vidéos pornographiques. Je maîtrisais la technique : mémoriser l’accès aux sites favoris pour y retourner facilement, effacer les dernières heures de navigation pour ne pas laisser de traces, etc. Je me comportais comme une personne droguée : me cacher, m’enfermer dans une quête sans fin. Et, le pire : nier mon addiction.

A cette époque, j’éprouvais des difficultés à avoir des relations sérieuses. Je n’ai compris que plus tard quelle en était la raison… Les amourettes me suffisaient.
Devenu adulte, j’ai fait un passage dans la Marine nationale. Pendant une mission embarquée de plusieurs mois, en raison de la promiscuité, je refusais de me masturber dans mon lit avec mes camarades juste à côté de moi, ou dans les douches communes. Mais, une nuit, j’ai fait un "rêve mouillé" et j’en ai éprouvé une grande honte. À compter de ce moment, je me suis laissé enfermer dans une croyance : il vaut mieux "se décharger" qu’avoir des accidents la nuit et mouiller les draps involontairement. J’ai alors récupéré des films pornographiques sur disque dur. En revanche, je me refusais à l’idée de payer des prostituées comme beaucoup autour de moi le faisaient. Pour moi, c’était de l’amour au rabais. J’ai même dit non à une prostituée qu’un marin quadragénaire m’avait payée pour me mettre la pression et me forcer à faire comme les autres. Malgré ma consommation de pornographie, ma vision de la sexualité m’interdisait d’avoir recours à la prostitution. Je continuais donc ce que je savais si bien faire : me faire plaisir tout seul devant des images, en essayant de me convaincre que c’était normal.
une addiction pas compatible avec la vie de couple
J’ai enchaîné quelques relations amoureuses sans lendemain. Vers l’âge de 28 ans, je nourrissais tout de même l’espoir d’une relation vraiment sérieuse et stable. J’ai alors pris conscience que la masturbation compulsive et la pornographie n’étaient pas compatibles avec une vie de couple et une sexualité épanouissantes : l’idée d’arrêter pour le bien de mon futur couple était née. J’ai pensé que j’y parviendrais aussi facilement qu’avec la cigarette (que j’avais abandonnée du jour au lendemain). Mais j’ai échoué, et la fille avec laquelle j’étais m’a quitté.

J’ai donc continué mon errance en célibataire, en me disant que je réglerais mon problème une fois marié. Ma consommation de pornographie est allée vers des images toujours plus trash, plus violentes, plus écœurantes. Je souffrais, me sentant seul et sale, et pensant mériter ce qui m’arrivait. Pour fuir mon mal-être, je cherchais quelques gouttes de plaisir dans mon poison. De toute façon, je croyais impossible de m’en sortir.
j'ai compris la nécessité de me faire aider
Puis j’ai rencontré la femme de ma vie (depuis, nous nous sommes mariés…), une jolie demoiselle encore vierge qui m’a avoué avoir réussi à arrêter la masturbation à l’adolescence. Virginité et contrôle de soi : voilà deux choses auxquelles je ne croyais plus ! Elle me prouvait que c’était possible. Cela m’a redonné espoir.
C’est elle qui m’a proposé de demander de l’aide à Tanguy. Au départ, j’ai refusé par orgueil. Mais à force d’échecs, de discussions avec elles et de lectures, j’ai compris la double nécessité d’arrêter avant le mariage et de me faire aider pour y arriver. J’ai commencé l’accompagnement personnalisé par visio en janvier 2021.
Tanguy m’a aidé à prendre des mesures très concrètes pour sécuriser mon environnement et mon quotidien afin d’éviter les dérapages. Il m’a permis de réfléchir et trouver des bonnes raisons de ne plus fuir dans mes comportements compulsifs. J’ai aussi pris conscience que les « rêves mouillés » ne sont pas des anomalies et que ma fiancée les préfèrera à des plaisirs solitaires cachés et hors-de-contrôle (ce qu’elle a évidemment confirmé). J’ai appris à rebondir après un dérapage, à sortir de mon isolement, à moins chosifier les autres. J’ai compris que si je croyais ne faire de mal à personne, c’était d’abord à moi que j’en faisais.
Aujourd’hui marié, je suis délivré. Il peut m’arriver d’avoir encore ponctuellement des petites difficultés mais je ne me sens plus sous l’emprise permanente de mes comportements compulsifs. Évidemment, je devrai rester vigilant toute ma vie pour ne pas retomber dans les pièges faciles que la société me tend partout (publicités, Internet, etc.). Mais je l’accepte, et ça vaut largement le coup !
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