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Le porno, c’est comme la cigarette : on se fait manipuler et on ne perd strictement rien en arrêtant

Voici le témoignage de Jérôme, 26 ans, ancien addict au porno, à la masturbation et aux webcams.


C’est une conversation entre scouts sous la tente quand j’avais 12 ans qui a attisé ma curiosité vis-à-vis de la masturbation. Je venais de mettre un premier doigt dans la prise de courant… Une pratique régulière s’est vite installée. J’étais en quête de toujours plus de sensations et d’excitation.


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Découverte de la pornographie sur Internet


Un nouvel élément a fait son apparition dans ma vie peu après : la pornographie sur Internet. J’avais entendu des camarades de 6e en parler, et je me souviens parfaitement du jour où j’ai moi-même effectué ma première recherche. Ces images sont restées gravées dans ma mémoire. Je venais de mettre un deuxième doigt dans la prise, sans savoir qu’ils allaient rester complètement collés pendant de nombreuses années. J’ai bien senti ce jour-là que plus rien ne serait comme avant. J’étais absolument terrifié mais également fasciné, blessé mais excité, conscient mais manipulé.


Je venais de mettre un deuxième doigt dans la prise...

L’entrée en études supérieures a marqué un tournant puisque j’avais un accès encore plus facile à Internet. La masturbation du soir, avant de me coucher, était devenue quasiment un rituel. Il m’arrivait fréquemment d’avoir plusieurs accidents par nuit : je me réveillais en train de me masturber. J’ai tenté de m’en sortir par moi-même, mais rien à faire.



Reproduire ce qu’on voit dans les films X


J’ai alors pensé qu’enchaîner les petites amies serait un moyen d’éviter le porno et la masturbation. J’avais tout faux. Mes relations sexuelles étaient des catastrophes physiques et psychiques, pour moi comme pour les filles avec lesquelles je passais la nuit. À la recherche du seul plaisir personnel, nous nous blessions mutuellement car tout était faux, joué comme dans les films porno J’avais des attentes très fortes sur le plan affectif, mais je finissais toujours déçu et triste. Ne voyant aucun avenir à ces relations, je les rompais systématiquement.


Quand j’ai acquis mon indépendance financière, je suis tombé à de multiples reprises dans un autre piège : les webcams.


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J’ai tenté en vain de parler à quelqu’un de ma détresse. Je me confessais car j’ai la foi. J’ai également acheté des bouquins… Rien à faire. Je restais englué dans mon addiction. J’avais conscience qu’un accompagnement était nécessaire, mais cette perspective m’angoissait. Je trouvais des excuses pour rester dans l’immobilisme. La première étant que, mais si, j’allais réussir à m’en sortir tout seul.



Accepter de se faire aider pour vivre un vrai sevrage de porno


Le temps passait, la gangrène s’étendait. Mon problème pesait sur mon moral, mes relations, mon estime de moi, mon sommeil… Je déprimais et plus rien n’était bon pour me changer les idées sauf manger, fumer et faire des fêtes bien arrosées. Je me voyais comme un monstre. Durant l’été 2020, alors que j’étais dans une période de rechute et déprimais, j’ai craqué : j’ai décroché mon téléphone et raconté à mon père la partie obscure de ma vie depuis l’âge de 12 ans. Je pensais qu’en parler ainsi allait me libérer définitivement et m’éviter de m’attaquer au problème. Je me trompais une fois de plus.


C’est à ce moment-là que mon père m’a délicatement recommandé de me faire aider. J’ai réussi à surmonter ma honte et ma peur. Je me suis finalement lancé !

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Tanguy m’a accompagné pour reconnaître et nommer la partie immature en moi, ce qui m’a permis de ne plus me laisser déborder par elle. J’ai réalisé des ajustements dans ma vie quotidienne, sécurisé mon cadre de vie, mis en place des petits rituels. J’ai découvert des outils pour anticiper et gérer les difficultés, ne plus me jeter dans des situations à risque, et réagir en cas d’urgence. Pour ne plus partir en mode « pilote automatique » dans plein de situations, j’ai appris à me reconnecter à mon corps : faire attention à mes sensations, porter mon attention sur ma respiration. J’ai pris l’habitude de valoriser mes petits progrès, de porter un regard positif sur ce que je fais de bien. Et comprendre que je ne suis pas un pervers m’a libéré. À cause de ce regard biaisé sur moi-même, je me sentais incapable d’aimer et d’être aimé.



J’ai enfin réussi à arrêter le porno et la masturbation !


L’accompagnement a pris fin. Aujourd’hui, je sais qui je suis : un homme libre, heureux, et conscient de ce qu’il fait. J’ai retrouvé le contrôle de moi-même, sans pour autant étouffer la vitalité qui est en moi. Le porno n’est plus un sujet pour moi. Plein d’autres choses me font kiffer. Je mets à profit ma créativité pour m’occuper.


Récemment, j’ai vécu des revers sentimentaux avec deux filles qui me plaisaient. Je n’ai eu aucun retour de leur part, alors que j’avais fait preuve d’audace. J’ai bien géré ces revers, j’ai pris du recul sans chercher des compensations. Je sais désormais comment raisonner ma peur de ne pas trouver l’âme sœur.


Je ne me croyais pas capable de tout cela !

Je me sens mieux dans mon appartement, j’y ai fait du tri et du nettoyage. Derrière, c’est ma vie que j’ai reconstruit. Il y avait des fondations, mais les murs s’effritaient vraiment. Et j’ai refait le toit. C’est une belle opération de rénovation. Je n’ai plus le sentiment que tout mon temps a été gâché.


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Je rêvais d’arrêter de fumer. Je l’ai fait… J’ai pris conscience à cette occasion que je m’étais laissé manipuler par le porno comme par la clope. Le point commun de ces deux poisons, c’est qu’on a l’impression qu’on va perdre quelque chose : mais en fait on ne perd rien !


Je ne me croyais pas capable de tout cela. Je l’ai fait ! Quelle fierté immense !


Jérôme

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